Frédéric Rombeaut
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Un chien des Flandres

Unique traduction française du grand classique de Marie-Louise de la Ramée, dite Ouida, écrit en 1872. Nello, petit orphelin vivant avec son grand-père à proximité d'Anvers, aide ce dernier à livrer du lait afin de gagner leur vie. Le duo rencontre et adopte un chien des Flandres, Patrasche. Le petit Nello est passionné de peinture, et le récit met l'accent sur la vie de Pierre-Paul Rubens, peintre baroque flamand.

Traduction
91 pages
6€
Extrait/

Extrait

Nello et Patrasche étaient seuls au monde.

Plus que des amis, ils étaient comme des frères. Nello était un petit Ardennais, Patrasche un grand Flamand. Ils avaient à peu près le même âge, pourtant l'un était encore jeune et l'autre était déjà vieux. Ils avaient passé ensemble la plus grande part de leur existence : Tous deux orphelins et pauvres, ils devaient leur vie à une même personne. Cela avait été le début d'une grande affection entre eux, leur premier lien d'amitié ; et il s'était renforcé de jour en jour, fort et incassable, jusqu'à ce qu'ils en deviennent inséparables.

Leur maison était une petite hutte au fond d'un petit village – Un village flamand pas très loin d'Anvers, au milieu de champs de maïs bordés de longues rangées de peupliers et d'aulnes, pliés par le vent du grand canal qui les traversait. Ce village se composait d'une vingtaine d’habitations et de fermes, aux volets verts clairs ou bleu ciel, aux toits pourpres ou noir et blanc, et aux murs délavés à un tel point qu'ils se confondaient avec la neige brillant sous le soleil. Au centre du village se tenait un moulin, placé sur une petite colline de mousse : C'était un repère pour le pays. Il avait autrefois été rouge écarlate, mais c'était lors de sa gloire, un bon demi-siècle auparavant, quand les soldats de Napoléon l’avaient foulé ; et il était maintenant d'un brun rustique, tanné par les vents et les saisons. Il avait du mal à démarrer et accusait son âge, mais rendait service à tout le voisinage, qui aurait presque considéré qu'aller chercher du grain ailleurs était pécher, tout comme aller à un autre service religieux que celui qui était dispensé au pilier de la vieille petite église de pierre grise, avec ses formes coniques, qui lui faisait face, et dont l'unique cloche sonnait matin, midi et soir avec cette tristesse étrange et contenue propre à toutes les cloches du Plat Pays.

Ils avaient vécu sous ces tintements mélancoliques quasiment depuis leur plus jeune âge, Nello et Patrasche, dans la petite hutte au bout du village, avec au nord-est la grande pointe de la cathédrale d'Anvers, au-delà de la grande plaine d'herbe verte et de maïs qui s'étendait au loin telle une vaste mer immuable. C'était la hutte d'un homme très pauvre, d'un homme très vieux – du vieux Jehan Daas. Autrefois soldat, il se souvenait des guerres qui avaient piétiné le pays, comme des bœufs sillonnant la terre, et qui ne lui avaient rien apporté, si ce n’était la paralysie.

Alors que le vieux Jehan Daas avait dépassé les quatre-vingts années, sa fille mourut dans les Ardennes, du côté de Stavelot, et lui laissa pour héritage son enfant de deux ans. Le vieil homme aurait pu jouer le malade pour son propre bénéfice, mais il prit cette charge supplémentaire sans se plaindre, et cette charge devînt vite bienvenue et précieuse pour lui. Le petit Nello – ce n'était là qu'un diminutif pour Nicolas – resta avec lui, et le vieil homme et le petit enfant vécurent ensemble dans la pauvre petite hutte.

C'était une petite hutte miséreuse en effet, toutefois elle était aussi propre et blanche qu’un coquillage, et se tenait au milieu d'un jardin où poussaient haricots, gazon et citrouilles. Ils étaient très pauvres, terriblement pauvres – Plus d'une fois ils n'avaient rien eu à manger. Ils n'avaient jamais eu la chance d'avoir assez. Avoir assez à manger aurait été comme atteindre instantanément le paradis. Mais le vieil homme était très gentil et tendre envers le garçonnet, et le garçonnet était un être magnifique, innocent, honnête, de nature tendre ; et ils étaient heureux de vivre avec une croûte et quelques feuilles de laitue, et ne demandaient rien d'autre à la Terre ou au Paradis ; du moins bien sûr tant que Patrasche était à leurs côtés, car sans Patrasche que deviendraient-ils ?

Il faut dire que Patrasche était leur alpha et leur oméga ; leur trésor et leur pain ; leur réservoir d'or et de bonne santé ; leur gagne-pain et leur ministre ; leur seul ami et réconfort. Patrasche décédé ou disparu, ils se seraient laissés aller et seraient morts de toute façon. Patrasche était le corps, l'esprit, les mains, la tête, et les pieds du tandem : Patrasche était leur vie, Patrasche était leur âme. Car Jehan Daas était vieux et paralysé, Nello était un enfant ; et Patrasche était leur chien.

La grande évasion de Pony Baker

Publié en 1902 chez Harper and Brother, ce roman de l'auteur américain William Dean Howells raconte les aventures d'un petit garçon, Frank Baker, surnommé Pony. Ce dernier, pour différentes raisons, envisage à de multiples reprises de fuguer. Il y est souvent poussé par l'un de ses camarades, Jim Leonard, mais aucun plan n'aboutit. Ce roman multiplie les situations drôles et rocambolesques dans une Amérique pas si éloignée de la grande époque de la conquête de l'ouest.

Traduction
263 pages
14€
Extrait/

Extrait

S'il y avait bien un seul garçon à Boy's Town, il y a une cinquantaine d'années de cela, qui avait une bonne raison de s'enfuir, c'était Pony Baker. Pony n'était pas son vrai nom ; c'est comme ça que tous ses amis l'appelaient, parce qu'il y avait tant de garçons à dissocier les uns des autres (comme Grand Joe et Petit Joe, Grand John et Petit John, Grand Bill et Petit Bill, par exemple), qu'ils avaient fini par se lasser de différencier les copains de cette façon ; et depuis que l'un d’eux l'avait appelé Pony Baker, pour qu'on puisse le différencier de son cousin Frank Baker, plus personne ne l'avait jamais appelé autrement.

Vous auriez pu discerner Pony de l'autre Frank Baker, de toute façon, si vous les aviez vus ensemble. L'autre Frank Baker était un grand gars, raide, aux cheveux filasse, avec tant de taches de rousseur sur le visage que vous n'auriez pas pu mettre le doigt entre deux d'entre elles, et il possédait de larges mains osseuses qui s'enfonçaient longuement dans les poches de sa veste. Le Frank Baker dont je veux vous parler ici était petit, basané et grassouillet, et arborait d'épais cheveux noirs sur sa jolie tête. Il avait des yeux noirs, et un visage doux, mat, sans la moindre tache de rousseur. Il était plutôt bien habillé, affublé qu'il était de jolies tenues qui lui allaient comme un gant, et ses mains étaient petites et dodues. Ses jambes étaient plutôt courtes, et il s'en servait pour marcher et courir plutôt vite, à petits pas, exactement comme un poney ; ainsi vous-même auriez tout de suite pensé à un poney en le voyant, quand bien même cela n'aurait pas été son surnom.

L'idée même d'être si bien habillé était l'une des pires choses que sa mère pouvait lui infliger, le ridiculisant ainsi auprès des autres garçons, et ce sans qu'elle ne le sût jamais. Elle n'aurait certainement pas laissé son fiston aller jouer pieds nus, et, si elle en avait eu l'occasion, elle l'aurait forcé à garder ses chaussures sur lui tout l'été. Dans les faits, elle les lui faisait garder jusqu'à ce que tous les autres garçons eussent été pieds nus si longtemps que les plantes de leurs pieds en fussent devenues aussi dures que des cornes, leur permettant presque de marcher sur du verre brisé ou sur n'importe quoi d'aussi sordide. Ils pouvaient retourner les ongles de leurs gros orteils, avoir des brins d'herbe sous les petits, et même y attacher du fil. Pony, lui, n’était autorisé à enlever ses chaussures qu'au printemps. Il les aurait bien enlevées et serait parti pieds nus sans que sa mère ne le sût, et la majorité des petits gars disaient que c'était ce qu'il devait faire ; mais à ce moment-là elle s'en serait rendue compte en voyant ses pieds lorsqu'il serait allé au lit, et peut-être en aurait-elle parlé à son père.

À vrai dire, son père n'en aurait pas vraiment pris cas. Parfois lui arrivait-il de demander à la mère de Pony pourquoi elle ne l'avait pas laissé aller pieds nus comme les autres garçons, ce à quoi l'interrogée lui demandait s'il voulait que son enfant attrape la mort ou le froid. Cela le calmait instantanément, car Pony avait autrefois eu un frère qui était décédé.

Par la suite, Pony n'avait rien eu d'autre que des sœurs, et c'était là encore une des nombreuses choses qui l'empêchait d'avoir la moindre chance d'être pris au sérieux par ses camarades. Sa mère voulait sans cesse qu'il joue avec ses sœurs, et elle se fichait éperdument, ou ne voulait pas savoir, qu'un gamin efféminé était la pire chose qui pût exister. Or, si vous jouiez avec des filles, vous ne pouviez vous empêcher de devenir efféminé. Pony aimait assez jouer avec ses sœurs quand il n'y avait pas de garçons aux alentours, mais quand il y en avait, sa mère, comme par hasard, ne feignait plus du tout de n'y voir aucune différence. Les filles en elles-mêmes n'étaient pas mauvaises, et souvent elles amadouèrent leur mère pour le laisser aller avec les autres garçons, lorsqu'autrement elle refusait. Mais même là, lorsqu'il s'agissait de nager, pêcher ou faire du patin alors que la glace n'était pas encore très solide, elle disait qu'elle le trouvait trop petit pour être indépendant ou faire des promesses de grand garçon selon lesquelles il serait capable de se débrouiller tout seul ; et à chaque fois Pony grinçait des dents, tant il était énervé.

Un jour où Pony était resté nager toute la journée avec un groupe de garçons de son âge, elle avait fait l'une des pires choses qu'elle aurait pu faire. Elle se dirigea vers la rivière, se posta là, et appela les garçons, pour voir si Pony était avec eux. Ils durent plonger dans l'eau jusqu'au cou avant d'oser lui répondre, tant ils avaient honte d'être vus tout nus. Pony dut mettre ses habits et rentrer à la maison avec elle. Il pouvait voir qu'elle avait pleuré. Certes, cela lui fit un peu de peine, mais pas tant que ça non plus ! Ce qu'il craignait avant tout, c'était qu'elle n'en parlât à son père. Mais, qu'elle le fit ou non, il ne le sut jamais. Cette nuit-là, elle vînt le voir après qu'il se fût mis au lit. Elle le supplia de ne plus jamais rester dans l'eau toute une journée, et lui dit à quel point elle avait eu peur, qu'il devait promettre d'être raisonnable ; et cela le fit se sentir plus mal que jamais, car il ne voyait pas comment il pourrait ne pas rompre cette promesse.

Ce n'était pas vraiment une mauvaise mère, mais pas vraiment une bonne mère non plus. Si elle avait été une bonne mère, elle l'aurait laissé faire tout ce qu'il voulait sans jamais l'en empêcher. Si elle avait été une mauvaise mère, en revanche, elle ne l'aurait rien laissé faire du tout, chose qui l'aurait de toute façon poussé à faire ce qu'il voulait malgré ces interdictions. D'une certaine manière, elle était plus bonne que mauvaise : elle le laissait inviter ses camarades à manger à la table du jardin, et fournissait de la confiture ou du confit pour accompagner la tartine qu'il emportait parfois dehors avec lui. Un jour, elle le laissa organiser une fête d'anniversaire. Il se vit offrir un gâteau, des bonbons et de la limonade, et eut le droit de n'inviter que des garçons, car il avait bien précisé que les garçons détestaient les filles. Même ses propres sœurs ne furent pas conviées ! Parfois, elle lui donnait des sous pour s'acheter une glace, et si elle pouvait occasionnellement fermer les yeux sur le fait d'aller nager avant qu'il n'ait vraiment appris à le faire, ou d'utiliser des pistolets et de la poudre, et toutes ces sortes de choses, elle le faisait volontiers.

Elle était au garde-à-vous lorsqu'il était malade. Nul ne pouvait mieux prendre soin de lui qu'elle, rafraîchissant son oreiller, faisant le lit sans mal, et rendant toute la maisonnée silencieuse. Lorsqu'il commençait à se rétablir, elle cuisinait des mets plus succulents que tout ce que vous aviez pu connaître jusqu'alors : Sauté de poulet, toasts avec de la sauce, et des tas d'autres délices de ce genre. Même quand il allait bien, et qu'il se trouvait simplement seul, elle s'asseyait près de son lit jusqu'à ce qu'il dorme ou soit apaisé, s'il le lui demandait. De même, lorsqu'il voulait fabriquer quelque chose, elle l'accompagnait du mieux qu'elle le pouvait dans sa tâche, quoique lorsque ladite tâche nécessitait l'usage d'un couteau, elle n'était pas vraiment d'une grande aide.

Le nouveau Gulliver

Le premier traducteur français de l'œuvre la plus connue de Jonathan Swift fut l'abbé Pierre-François Guyot Desfontaines. Cette première traduction, étant dans le ton de ce qui se faisait à l'époque, était éminemment mauvaise, puisqu'elle comportait à la fois de la censure et des rajouts.

Cela dit, l'abbé Desfontaines ne s'en tint pas là, et rédigea une suite apocryphe aux aventures de Gulliver. Jean, fils supposé du héros de Swift, allait donc à son tour vivre des aventures extraordinaires dans divers endroits fictifs aux peuplades improbables. Contrairement à l'œuvre originale, Le Nouveau Gulliver n'avait aucune dimension politique. Ce récit reste une curiosité. Il a ici été retranscrit, annoté, et, naturellement, le français a été modernisé.

Retranscription
474 pages
12€
Extrait/

Extrait

J’ai observé que les enfants ont ordinairement les mêmes inclinations que leurs pères, à moins que l’éducation qu’ils ont reçue n’ait changé en eux cette disposition naturelle. Je sais néanmoins que les enfants ne ressemblent quelquefois qu’à leurs mères ; d’où il arrive, par exemple, que le fils d’un poète est sage, que le fils d’un philosophe est petit maître ou dévot, et que le fils d’un voyageur est sédentaire.

Pour moi je puis dire que je ressemble beaucoup à mon père, non seulement par mes qualités extérieures, mais encore par le caractère de mon âme ; et sur ce fondement j’ose me flatter d’être vraiment le fils du célèbre Capitaine Gulliver et de Marie Burton, son épouse, dont la conduite a toujours passé pour irréprochable. Ayant été élevé dans la maison de mon père, où j’entendais parler continuellement de ses voyages et des admirables découvertes qu’il avait faites dans les différentes Mers qu’il avait parcourues, je me suis senti dès ma première enfance un désir de voyager en mer, que rien n’a pu ralentir. En vain me peignait-on quelquefois les dangers des tempêtes et des rencontres, et me représentait-on les périls affreux où mon père avait été exposé : la curiosité l’emportait sur la crainte, et je consentais à souffrir comme mon père, pourvu que je pusse voir comme lui des choses aussi merveilleuses.

Il me trouva dans ces dispositions au retour de son troisième voyage, qui était celui de Laputa ; et, charmé de voir en moi des inclinations si conformes aux siennes, il me promit de m’emmener avec lui au premier voyage qu’il ferait. Apparemment il ne comptait pas partir de sitôt : car n’ayant que quatorze ans, j’étais alors trop jeune pour pouvoir le suivre. Aussi ne me tînt-il pas sa promesse ; car, peu de temps après, s’étant embarqué à Portsmouth le 2 Août 1710, il ne dit adieu qu’à ma mère, et me laissa inconsolable de son départ précipité.

Jamais enfant n’a plus souhaité que moi devenir grand et avancer en âge, non pour être à couvert des disgrâces de l’enfance, ou pour jouir d’une agréable liberté, mais seulement pour être en état de supporter les fatigues d’un voyage en mer et d’être reçu dans un vaisseau. J’allais au collège malgré moi ; que m’importe, disais-je quelquefois en moi-même, d’apprendre des langues qui ne me seront jamais d’aucun usage ? Les Indiens, les Chinois, les peuples du nouveau monde feront-ils plus d’estime de moi parce que je saurai le grec et le latin ? Que ne puis-je apprendre plutôt les langues de l’Asie, de l’Afrique ou de l’Amérique ? Cela me serait sans doute plus utile. Malgré ces réflexions, qui me causaient quelquefois du dégoût, je ne laissais pas de faire mes études avec succès.

Celle qui me rebuta le plus fut l’étude de la philosophie telle qu’on l’enseigne dans les Universités. Le fameux professeur sous lequel j’étudiais nous débitait gravement que la logique de l’école était absolument nécessaire pour toutes les Sciences, qu’elle dirigeait l’esprit dans ses opérations et lui donnait une justesse à laquelle on ne pouvait prétendre sans elle. Il fallait même soutenir des thèses sur cet article. Cependant, il raisonnait lui-même si mal en toute occasion, et toutes les opérations de son esprit grossier et matériel étaient si mal dirigées, qu’on peut dire qu’il argumentait sans cesse contre sa ridicule opinion.

La métaphysique me parut plus propre à rendre l’esprit sec et stérile qu’à lui donner de la précision ; je n’en pouvais soutenir les extravagantes futilités. La morale, qui est faite pour le cœur, était mise en problèmes et en questions épineuses. À l’égard de la physique, on en apprend si peu à l’école que le fruit qu’on en retire ne vaut pas le temps qu’on y consacre. L’étude des livres de Descartes, de Newton et de quelques autres philosophes modernes est selon moi le meilleur des cours de philosophie ; on ne s’y gâte point l’esprit par un barbare tissu de distinctions scolastiques. Aussi je puis dire que le peu de philosophie que je sais, je l’ai puisé dans ces livres, et l’ai beaucoup augmenté par l’oubli de tout ce que le collège m’avait appris.

Je m’appliquais extrêmement pendant le cours de mes études à la géographie ; par-là, ne pouvant voyager en effet, je voyageais en idée. Je lisais avec avidité toutes les relations des pays étrangers qui me tombaient entre les mains. Je faisais mille questions à ceux qui avaient parcouru les mers ; je m’entretenais souvent avec des matelots, et la vue d’un vaisseau et de tous ses agrès excitait en mois des mouvements indélibérés, semblables à ceux d’Achille à l’aspect d’une épée ou d’une lance.

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